Jean Terrade, ancien de la 14e Cie du Mont-Mouchet, est décédé début 2024
Né le 15 juin 1923 à Croze (Creuse), Jean Terrade, vivant à Billom (Puy-de-Dôme) à partir de 1930, est susceptible, après son stage de huit mois aux Chantiers de la jeunesse, d’être appelé pour le service du travail obligatoire en Allemagne. Il rejoint un groupe au maquis dans la vallée du Madet, près de Billom. Il s’y initie au maniement des armes. Mais il se détache du groupe et, dès l’appel à rejoindre la mobilisation du Mont-Mouchet, il part, sous les ordres du capitaine Emile Bertrand, de l’école militaire préparatoire de Billom, pour former la 14e Cie du Mont-Mouchet. Cette dernière, constituée de 186 hommes et d’une femme, est chargée de tenir le pont du Crépoux, sur la commune de Pinols (Haute-Loire).
Parmi les combattants de cette compagnie se trouvent des Billomois d’origine ou d’adoption, comme Raymond Dutheil, des enfants de troupe, mais aussi des volontaires issus communes voisines (Saint-Julien-de-Coppel, Glaine-Montagut, Chas, Vertaizon).
Le Mont-Mouchet est attaqué par l’armée allemande par le nord, les samedi 10 et dimanche 11 juin 1944.
Le dimanche, c’est à la 14e Cie et à d’autres compagnies de combattre l’armée allemande. Jean Terrade est chef de groupe de la 4e section. Nous avons recensé vingt-huit morts lors de ces combats (vingt-cinq au pont du Crépoux et trois à Chapel, tout près).
Après la libération de l’Auvergne et sa participation à l’occupation de l’Allemagne, Jean Terrade rentre à l’AIA, où il travaille comme contrôleur des avions après réparations.
Il a été le dernier président de la section billomoise des combattants volontaires de la Résistance.
Au décès de son épouse en 2013, Jean Terrade réagit positivement en réalisant le plan des combats du pont du Crépoux, tels qu’il les a vécus. Il a alors quatre-vingt-dix ans. Comme nous avions eu de très bons contacts de confiance, nous le rencontrons devant ce plan qu’il nous commente.
Après la parution de notre livre où nous transcrivons son témoignage et nous dressons une première liste de vingt-trois noms de morts au pont du Crépoux, nous recevons un appel de Gérard Ramstein, de Mulhouse, qui nous dit que ce livre lui a permis de savoir enfin où son frère, Charles Ramstein, était tombé.
En pèlerinage dans la région, Gérard Ramstein a rencontré Jean Terrade à la maison de retraite de Billom, puis a visité le site du pont du Crépoux. Il a ainsi pu faire le deuil.
Un projet de création d’une plaque avec les 28 noms est bien avancé. Jean Terrade aurait été invité à son inauguration car, sans son témoignage précis, les morts du pont du Crépoux auraient sombré dans l’anonymat.
Pour en savoir davantage, lire son témoignage dans Tout un Monde au Mont-Mouchet - Épopée et histoires humaines, 2e édition, p. 74-75, Éditions Authrefois, 2021, Ytrac.
© Manuel Rispal, texte et photo.