Hommage à Pierre Lapeyre (1920-2023), ancien de la compagnie André

27/09/2023 au 31/12/2023
Hommage à Pierre Lapeyre (1920-2023), ancien de la compagnie André

Texte lu par Manuel Rispal lors des obsèques de Pierre Lapeyre (1920-2023), au Rouget (commune du Rouget-Pers, Cantal), le vendredi 22 septembre 2023.

 

Honneur à Pierre Lapeyre

 

Avant que Pierre ne rejoigne le maquis des Luzettes et le commando André, il vivait à la ferme familiale à Ribeyrols de Pers, comme beaucoup des membres de ce commando.

Des dizaines de jeunes ou de moins jeunes, hommes, femmes et adolescents se sont engagés dans les compagnies formées aux Luzettes, les compagnies André André Oheix (dont faisait partie Pierre Lapeyre), DundeeHenriRémy pour libérer le territoire du joug de l’occupant.

Le lieutenant André Oheix est tombé du ciel aux Luzettes, le même jour que le Débarquement allié. Il part de Blida en Algérie avec pour mission de transformer des jeunes qui n’avaient aucune connaissance dans le maniement des armes en combattants aguerris.

Avec l’annonce du débarquement, les volontaires affluent aux Luzettes, rejoignant ceux qui avaient préparé le terrain.

Pierre Lapeyre, ayant son père mutilé de la Première Guerre mondiale, avait reçu de Bernard Cournil la consigne de rester à sa ferme le plus longtemps possible. Le 31 juillet 1944, il rejoint la compagnie André et sert comme cuisinier. Dans une compagnie, chacun doit tenir sa place. 

Pierre participe aux combats du Lioran, après que la garnison allemande d’Aurillac eut quitté la préfecture pour rejoindre Clermont-Ferrand, ce qu’elle a réussi à effectuer.

Quelle garnison se trouvait dans le secteur ? Celle de Rueyres, qui contrôlait un poste électrique stratégique, dans le nord Aveyron. La compagnie André y récupère trois prises de guerre qui ont marqué son histoire : deux canons et une cuisinière roulante, ce qui était important pour Pierre Lapeyre, toujours chargé de nourrir ses camarades.

Les deux canons ont été décisifs dans la reddition de la garnison allemande assiégée dans le fort de Decize, dans la Nièvre. 

Et la cuisinière roulante les a suivis jusqu’à Auxonne (Côte-d’Or), où la compagnie André a été dissoute à la mi-octobre 1944.

André Oheix, que j’ai connu et avec qui j’ai effectué un tour des Luzettes, en compagnie d’André Puech et de Denise Alzouniès, avait le respect de ses hommes. La majeure partie d’entre eux étaient des paysans ou des fils de paysans qui avaient quitté leur ferme ou leur emploi, à Pers, au Rouget, à Saint-Mamet, à Omps, à Parlan, à Marcolès, à Saint-Gérons, à Aurillac, à Biarritz, à la Martinique, en région parisienne et ailleurs, pour participer à la libération de la France. 

À partir d’octobre 1944, il devenait évident que la plupart de ces combattants avaient rempli leur mission pour la libération de la France et qu’ils pouvaient dignement rejoindre leurs foyers, en créer un nouveau et construire leur avenir.

Tous ces combattants n’ont pas forcément obtenu des homologations, telles que FFI ou combattants volontaires de la Résistance. Leur honneur est d’avoir cru en la République à un moment où elle avait été durement ébranlée par les occupants et leurs chiens de garde.

Ce qu’ont vécu Pierre Lapeyre et ses camarades de lutte a transformé leur vie. Des moments inoubliables. Ils ont côtoyé des saboteurs, des envoyés du ciel, des étudiants, des résistants qui avaient combattu en 1914-1918 et en 1940. 

Familles de ces combattants, gardez précieusement les traces de ces parcours, emparez-vous de leur histoire, car ce sont des parcelles fertiles de la République qui nous est chère ! C’est cela notre héritage le plus précieux.

Merci, Pierre.

 

 

Le témoignage de Pierre Lapeyre se trouve dans La Libération désirée tome 2 Massif central, par Manuel Rispal, Editions Authrefois, 2016, p. 108, à la suite de celui de JeannotJean André Moga (originaire de Biarritz, 1923-2016, pp. 106-107), un autre membre du commando André. La composition presque complète de cette compagnie se trouve dans Chouette, Noisette et Luzettes, tome 1, par Manuel Rispal, Editions Authrefois, 2014, pp. 104-105. Des éléments du parcours d’André Oheix sont aux pp. 85, 91-93. La référence à La Martinique vient d’un autre membre du commando André, Guy Chalono (1922-2018), né et décédé à Fort-de-France. André Moga et Guy Chalono, étudiants de l’École d’industrie laitière d’Aurillac, avaient rejoint avec d’autres étudiants le maquis des Luzettes, où André Oheix les a recrutés et formés militairement.

 © Manuel Rispal. Mis en ligne le 27 septembre 2023.